07
Avr

Témoignages - 3

Le témoignage de Anne Sophie, Marius, Maya et Cyrielle

Le projet Histoire, Mémoire et Transmission (HMT), initié au lycée Jeanne d’Arc, a pour objectif de sensibiliser les élèves à la Shoah à travers un voyage mémoriel à Auschwitz-Birkenau. Ce programme s’inscrit dans une démarche pédagogique et humaine visant à transmettre l’histoire et à préserver la mémoire des victimes. Les terminales de l’année précédente ont préparé le terrain en partageant leurs expériences avec nous de leur rencontre avec Madame Polak, afin que nous soyons mieux préparés pour ce voyage. À notre tour, nous avons vécu cette expérience marquante et avons recueilli nos impressions pour les transmettre aux élèves de première, perpétuant ainsi un cycle de mémoire et de sensibilisation.

Auschwitz est un lieu qui marque à jamais ceux qui le visitent. Dès mon arrivée, j’ai été frappé par le fait que le camp soit situé en plein cœur de la ville d’Auschwitz, entouré de vie alors qu’il était le théâtre de l’horreur… L’image ici démontre de l’horreur d’Auschwitz, une allée encadrée de clôtures de barbelés, un mirador de surveillance en bois et des bâtiments en briques, autant d’éléments emblématiques du camp. Lors de la visite, nous sommes entrés dans ces bâtiments en briques qui servaient autrefois de maisons aux prisonniers. Bien que partiellement aménagés pour accueillir les visiteurs, ils conservent l’essence de leur terrible histoire. Chaque pièce témoigne d’une souffrance indicible, notamment un long couloir où nous avons pu observer les portraits de centaines de déportés, avec leurs dates d’arrivée et celle de leur départ, funeste malheureusement… Il y avait aussi des cachots exigus où certains étaient enfermés, condamnés à l’obscurité et à l’isolement. Mais surtout, il y avait ces preuves irréfutables de l’horreur : des montagnes de chaussures, de valises, de lunettes, des objets du quotidien arrachés à leurs propriétaires avant leur exécution. Plus loin, au camp de Birkenau, nous avons longé les rails menant directement aux chambres à gaz, un trajet sans retour pour des millions de personnes.

– Marius –

 

“De ce lieu j’ai retenu plusieurs choses, des baraquements exigus dans lesquels des centaines de personnes s’empilaient à même la pierre, les rails d’un convoi qui menait à la mort, des potences, des salles de tortures, les biens de la vie de millions de personnes, des numéros, des visages de détenues, de la souffrance. Toutefois plus qu’une image restée bloquée en tête, c’est une sensation qui ne parvient pas à quitter mon esprit, celle que procure le silence d’une pièce dans laquelle il n’y a même pas un siècle des hurlements de douleurs résonnaient. Ce même silence se fit entendre de la bouche de mes camarades et de la mienne en sortant du camp, il retentissait en nous. Face à nous, nous avons eu les preuves irréfutables de ce que la folie humaine est capable, alors n’oublions pas, faisons taire les négationnistes et les ignorants afin de ne plus jamais répéter l’histoire”.

– Anne-Sophie –

Dès notre arrivée, l’atmosphère pesante et funeste s’est faite ressentir. Bien que nous ayons étudié ces événements tragiques en classe, être physiquement confronté à la réalité du camp d’extermination a donné une tout autre dimension à ma compréhension de la Shoah. Ce qui m’a le plus frappée, c’est de voir les conditions de vie inhumaines des détenus. Les baraquements insalubres où des centaines de personnes étaient entassées témoignent de la cruauté extrême du régime nazi. Marcher sur le même sol que des millions de victimes est une triste réalisation à laquelle nous avons été confronté. La vue des objets personnels confisqués aux prisonniers – chaussures, valises, lunettes – exposés en quantités impressionnantes, ces vestiges du quotidien, arrachés à leurs propriétaires avant leurs déshumanisations, incarnent de manière poignante l’ampleur de « l’entreprise de mise à mort » nazie et son aspect industriel. 

– Maya –

Chaque pas effectué raisonnait comme ceux de ces spectres ayant longé ces longs corridors il y a 80 ans. Les pieds baignant dans la boue froide de ce camp reflétant la douleur des victimes. Nous étions là, gorges nouées, certains les larmes aux yeux, zonant comme des fantômes, parmi ceux qui étaient là auparavant. Adultes, enfants, presque nus, affamés, torturés qui se trouvaient à Auschwitz, dans les mains des nazis tels des marionnettes saccagées. Nous avons marché, écoutés, ressenti, vu, compris les atrocités que les monstres d’Hitler ont effectuées. Nous étions loin d’être ignorants mais poser pas à pas, porter sur nos épaules, la présence des victimes, voir ces baraquements, ces hangars, semblables à des étables aux briques rouges, glacées, transpirants la mort, fut une tout autre étape à surmonter. Tristesse, honte, rage, frissons, culpabilité et la volonté de supplier pardon à toutes ces victimes furent les principales émotions qui se bousculaient dans le cœur de ces jeunes mulhousiens. Seulement, à la sortie de ce camp, il ne restait plus que les yeux pour pleurer.  Lors de la préparation du voyage, nous savions qu’aller à Auschwitz serait d’une grande difficulté mais déjà dans le bus nous pouvions ressentir l’atmosphère pesante de ce lieu.  Rouler dans Oswiecim était naviguer à contre cœur sur le Styx, impuissant, avant d’entrer dans le royaume de la mort.

– Cyrielle –